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7 février 2018 3 07 /02 /février /2018 10:37

Arnys, Nessus, et Cie

 

Vu avec intérêt sur la 5 l’émission de Bruce Toussaint consacrée à l’irrésistible descente aux Enfers de François Fillon en 2017.

 Avec un moment de franchise un peu maladroite de l’ex-futur Président, à propos des cadeaux offerts par le Retors :

 

- Ces costumes, je les ai rendus.

- Vous les aviez portés ?

- Oui, je les avais portés…

 

Si seulement le Défait avait eu la présence d’esprit de répondre, avec un peu d’auto-dérision :   une véritable tunique de Nessus… , il attirait peut-être les rieurs de son côté.

Mais non, il les avait portés, voilà tout.

 

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16 janvier 2018 2 16 /01 /janvier /2018 16:55

 

 

Les libelles vengeurs de la semaine passée fonctionnent à front renversé par rapport aux personnages féminins du  « Misanthrope » de Molière.

Arsinoé (la trentaine, mais nous sommes au XVII ème…) reproche violemment à Célimène sa prétendue liberté de mœurs. A quoi celle-ci rétorque :

………………………………… ce n’est pas le temps,

Madame, comme on sait, d’être prude à vingt ans.

                                                           Acte 3, scène 4

 

En réalité, Arsinoé va draguer outrageusement Alceste, l’homme aux rubans verts, en lui faisant miroiter un bel avenir politique grâce à ses relations.

 Mauvaise pioche, Alceste n’en aime qu’une, Célimène, qu’il perdra faute d’être capable de compromis. Mais ceci est une autre histoire.

Nos Arsinoé modernes, disons celles d’une génération de plus que les petites Célimènes qu’elles accusent de pruderie, portent haut l’étendard de la liberté d’être séduites, et même importunées.

Heureusement que, dans la controverse actuelle,  une urbanité résiduelle empêche qu’on les soupçonne aigrement de se proclamer accueillantes par nécessité.

Même si les échanges sont violents, ils n’atteignent pas la férocité de Célimène lançant au visage d’Arsinoé :

Je ne dis pas qu’un jour je ne suive vos traces :

L’âge amènera tout…

 

 

 

 

 

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22 mai 2017 1 22 /05 /mai /2017 16:55

On a parlé, devant l’irrésistible ascension de Monsieur Macron, de Rastignac ou de Bel-Ami.

Restons dans les Lettres du XIXème siècle (Le Rouge et le Noir, 1830, chapitre XVIII) : Julien Sorel ne parviendra pas aux sommets dont il avait rêvé. Mais lorsqu’il est encore un petit abbé ambitieux il se trouve en présence du tout jeune évêque d’Agde, qui vient d’obtenir cette charge grâce à son oncle bien en cour, le marquis de la Môle.

Julien l’aida à placer sa mitre (…)

Alors l’évêque alla fort vite au milieu de la pièce, puis, se rapprochant du miroir à pas lents, il reprit l’air fâché, et donnait gravement des bénédictions (…)

L’évêque s’adresse à Julien :

Je ne voudrais pas, à cause de mon âge surtout, avoir l’air trop léger.

(…)

C’est clair, se dit Julien, il s’exerce à donner la bénédiction.

(…)

L’évêque traversait lentement la salle. (…) Il se plaça sous le dais. Réellement, il était parvenu à se donner l’air vieux : l’admiration de notre héros n’eut plus de bornes.

Aux Tuileries, le nouvel élu ne voulait pas se donner l’air vieux, certes. Mais l’air Président, d’où cette démarche, et ce visage sévère.

Et l’admiration de ses fans, pardon, de ses helpers.

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23 mars 2017 4 23 /03 /mars /2017 18:55

Mercredi matin, gare de Toulon, espace presse. Je prends la file, le Canard Enchaîné à la main. Un monsieur bougon essaie de me doubler sur la droite, mais cela ne me plaît pas, et j’arrive en tête à la caisse.

Il éclate : « Vous me passez devant ! Tout ça pour lire le Canard enchaîné ! »

Un peu énervée par le climat ambiant, je ne peux m’empêcher de rétorquer : « Cela vous gêne qu’on lise le Canard enchaîné, tant mieux ! Mais je ne suis pas passée devant vous. »

Il se met alors à bougonner : « On se croirait dans la France de 40 à 44 »

Là, c’était trop. Assimiler une controverse sur des habitudes discutables, d’un candidat à la plus haute fonction, à ce qui fut la honte des années noires…

Je n’ai pas pu laisser courir : « Entre 40 et 44, j’étais enfant, et la fille de résistants qui ont caché des Juifs, des aviateurs américains, et parfois ont fait sauter des trains allemands ; c’était ça aussi, les années 40. » ( Et c'est vrai ! )

Sûrement pas la meilleure réponse. Mais que dire, face à la bêtise méchante, à l’argument lamentable ?

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27 août 2016 6 27 /08 /août /2016 17:06

26 août 2016 ligne 15

11 heures, à l’arrêt du bus qui jouxte l’église intégriste de Toulon. Celle d’où sortent, le dimanche des familles nombreuses attendrissantes, shorts longs, jupes plissées, polos clairs et souliers plats. Mais ce n’est pas le sujet.

Montent, dans l’ordre, une fluette septuagénaire, un peu fatiguée, une maghrébine, le foulard sur la tête, qui discutait avec elle sur le banc, une sympathique retraitée bien coiffée, et moi.

Les deux continuent leur conversation : « Partout il y a des dangers, des fous ; moi, je vais quand même à Carrefour, si je dois mourir, Inch Allah «. On a reconnu la musulmane. On va connaître son prénom : Aïcha.

Sa voisine : « Oui, les religions… »

La dame bien coiffée : « A Nice, trente musulmans parmi les victimes »

Aïcha : « Moi, ma religion, elle dit qu’on doit aimer les autres «

La dame bien coiffée : » Les religions, se méfier ; la religion catholique, ça a été aussi la guerre et la violence «

Aïcha se décide : « Moi, dans le bus un homme m’a dit de retourner chez moi. »

Moi : « Madame, vous avez le droit de porter plainte »

Aïcha : « Je ne veux pas d’histoires, et puis le chauffeur l’a fait descendre ».

A ce moment le conducteur se retourne et lui dit : » Il a bien fait ; moi, j’aurais fait pareil. On ne doit pas supporter ça »

La dame bien coiffée : « Nous, en 68, on était pour la liberté de porter ce que l’on voulait, et de se débarrasser des soutifs… »

Elle ajoute : « On était politisé. Maintenant, les jeunes, à commencer par ma fille chérie… »

Aïcha : « Ah, les jeunes, ils ne veulent pas travailler ; mais ils prennent les sous. On devrait les faire travailler pour ce qu’on leur donne. «

Comme quoi, Aïcha est vraiment intégrée.

Commentaire de sa voisine, à la descente du bus : » Je la connais bien, Aïcha, elle travaillait à l’hôpital. Avec elle on ne s’ennuie jamais. »

La dame bien coiffée, s’adressant à moi : « Vraiment, ça fait du bien de parler. Parler, c’est vivre. »

Moi : « Comme dit Claude Halmos »

Elle : « J’aime beaucoup Claude Halmos. Et puis, elle met en garde contre l’enfant-roi. » (Message pour la fille chérie et ses rejetons.)

J’avais bien fait de prendre le bus 15.

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26 août 2016 5 26 /08 /août /2016 14:04

Cette hystérie à propos du burkini ( terme commercial et référence discutable au bikini) enferme les commentaires dans une impasse. Les plus raisonnables accordent ( ! ) aux femmes concernées le "droit" de le porter, mais pointent qu'il s'agit aussi d'un signal provocateur qui apporte de l'eau au moulin du "salafisme".

Sur le terrain, ou plutôt sur le sable, des femmes sont insultées, des enfants pleurent. Des harpies des deux sexes applaudissent. Pour l'instant, heureusement, pas de bagarres . On fait quoi ?

Une impasse, par définition, est sans issue. Peut-être faut-il juste reculer, se taire, et avoir honte.

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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 10:24
Prière à Dieu
      Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui a tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supporte ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni envier, ni de quoi s’enorgueillir.

      Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu'à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.


Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII

Chacune des phrases, chacun des mots de ce texte sont pertinents dans notre actualité. Rien à ajouter.

Rappelons cependant que Voltaire écrit le Traité sur la tolérance peu après  l'Affaire Calas: une famille protestante de Toulouse, accusée du meurtre d'un de leur fils qui aurait décidé d'embrasser la foi catholique. Dans un contexte très conflictuel entre protestants et catholiques, le père de Marc-Antoine  Calas subit la torture, proclame malgré tout son innocence, est condamné sans preuves au supplice de la roue. Son corps est brûlé en public.

 Nous sommes en 1762. Voltaire est alerté par Pierre Calas qui s'est réfugié en Suisse, et un négociant marseillais, protestant. Voltaire est déjà un homme écouté. Il active ce qu'on appellerait ses réseaux, publie le Traité, obtient  audience auprès de Louis XV. La vérité triomphe, Jean Calas est réhabilité en 1765 par les magistrats de la Cour Royale, sa veuve rétablie dans ses droits.

Une autre Affaire éclate en 1766, celle du Chevalier de La Barre: accusé de blasphème, le Chevalier subit la torture  avant d'être décapité.

"Ce sang innocent crie, et moi je crierai aussi; et je crierai jusqu'à la mort", écrit Voltaire à son ami d'Argental.

 

Que de cris nécessaires, que de sang innocent. Que de violence.

A rappeler aussi le cri d'espoir et de lutte de Victor Hugo lors du Congrès des Amis de la Paix Universelle réuni à Paris en 1849, dans l'euphorie d'une république dont les jours sont comptés: "la loi de Dieu, ce n'est pas la guerre, c'est la paix."

 Discours acclamé par des délégués venus de toute l'Europe et des Etats Unis d'Amérique (voir merlerene.canalblog.com: article du 6 janvier 2015)

Voltaire aurait sans doute apprécié la lecture de Charlie Hebdo. Victor Hugo maniait davantage l'épopée que l'ironie (encore que...). Ils étaient un peu là, avec les foules de ces derniers jours.

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 


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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 15:28

A la sortie malgré les commentaires enthousiastes (et justifiés) de mes voisins de ciné, je ne trouvais, intérieurement, qu'un mot: "pauvres jeunes!". Oui que vont-ils devenir ? Que sont-ils devenus après leur petite tournée des plateaux télés ? Tous plus beaux et plus belles les uns que les autres, triomphants, optimistes.

Malgré le travail de folie de Brigitte Cervoni, leur professeur de Français, l'empathie extraordinaire de la cinéaste à leur endroit. Quid de la jeune musulmane promise à une école confessionnelle, de l'Africaine rebelle, de l'Irlandais qualifié d'autiste (de haut niveau, mais quand même...) ? Et cette charmante que les services sociaux envoient à Verdun, sans garantie d'aide à la scolarité ?

Les artistes, le musicien, la chanteuse russe auront sans doute les bonnes fées avec eux. Pour les autres, croisons les doigts.

Et tous ceux, parmi les enfants venus d'ailleurs, qui n'ont d'accès à aucune structure d'accompagnement pour de multiples raisons... Le gâchis. 

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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 10:19

Une correspondante avisée, ma jeune soeur, qui fut, il y a peu, professeure en Normandie, me signale que ses élèves disaient plutôt "gogol" que "mongol" pour moquer quelque quidam. Elle leur clouait le bec en évoquant l'auteur des Ames mortes, faisant ainsi d'une pierre deux coups...

Si l'on y réfléchit, il y a une certaine coïncidence entre la mélancolie de ce titre, et la douleur d'un handicap qui affecte dès le début de leur vie l'épanouissement de jeunes âmes.

Certes, ce n'était pas le sujet de Nicolas Gogol. Mais ce n'est pas forcer le trait que de rappeler la conscience aigüe qu'il avait du tragique de l'existence.

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18 janvier 2014 6 18 /01 /janvier /2014 14:33

Michel de Montaigne est quelque peu le patron des blogueurs, pardon de cette irrévérence.

Donc, au chapitre LVI du Livre I des Essais, il relate ainsi un passage de L'Heptameron  de Marguerite de Navarre:

La Reine de Navarre Marguerite récite [1] d'un jeune Prince, et encore qu'elle ne le nomme pas, sa grandeur  l'a rendu connaissable assez, qu'allant à une assignation [2] amoureuse, et coucher avec la femme d'un avocat de Paris, son chemin s'adonnant au travers [3] d'une Eglise, il ne passait jamais en ce lieu saint, allant ou retournant de son entreprise, qu'il ne fît ses prières et oraisons. Je vous laisse à juger, l'âme pleine de ce beau pensement, à quoi il employait la faveur divine. Toutefois elle allègue cela pour un témoignage de singulière dévotion. Mais ce n'est pas par cette preuve seulement qu'on pourrait vérifier que les femmes ne sont guère propres à traiter les matières de la Théologie. Une vraie prière, et une religieuse réconciliation  de nous à Dieu, elle ne peut tomber en une âme impure et soumise, lors même, à la domination de Satan. 

[1] raconte

[2] rendez-vous

[3] passant par

Comme quoi les amours des Grands ont depuis longtemps excité la curiosité des témoins, et leur goût d'en tirer d'aléatoires conclusions. Il s'agissait ici de François 1er.

Montaigne n'est pas d'habitude aussi sévère par rapport aux choses du sexe qu'il considère  avec indulgence comme témoignage de bonne santé. Du moins en ce qui concerne les hommes. Il est à plusieurs reprises beaucoup plus réservé et inquiet devant la sexualité féminine.

On voit ici qu'il trouve une raison supplémentaire de se méfier du deuxième sexe, même quand il s'agit d'une personne qu'il estimait. Nobody is perfect.

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