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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 18:37

Personne ne peut sortir indemne de ce qu’a vécu Christine Angot. Elle a droit à notre respect, et à la justice.

Mais peut-on pour autant magnifier son dernier écrit, qui est tout, sauf un roman digne de ce nom, et ne respecte aucunement le lecteur ?

Pourtant, bien sûr, l’histoire de ce couple mère-fille abandonné par un monstre d’égoïsme, de leurs douleurs, de leurs errances ; d’un pervers convaincu de sa légitimité : rien d’original, mais la matière d’un beau texte. Pourquoi pas ?

Au lieu de cela, le lecteur stagne dans la description plate d’une histoire d’amour fondée dès le départ sur l’illusion et le mensonge. Le mécanisme de victimisation n’est explicité qu’à la toute fin du texte, comme une leçon d’anthropologie.

L’enfant passe de l’amour fou pour sa mère au rejet, sans que cette évolution soit rendue sensible et crédible. La révélation de l’inceste sodomite arrive au détour d’un paragraphe, apportée par un personnage secondaire que le lecteur avait déjà oublié. Et puis, plus rien que du bavardage.

Châteauroux et Reims apparaissent dans un brouillard paresseux, comme un décor convenu. Quel dommage quand on sait le parti qu’un véritable écrivain peut tirer d’un environnement urbain.

Et les lettres du Père… Si ce sont les authentiques, soit. Si Madame Angot les fabrique, il fallait aller plus loin dans la froideur, l’hypocrisie, l’inconscience, l’inélégance.

Ecrire un vrai roman, qui vous emporte, force l’intérêt, l’admiration, la réflexion.

Chez un écrivain, la négligence est un péché capital. L’adulation d’une partie de la critique reste un mystère.

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